Didier Burban, une palette de talents
Parti de rien, Didier Burban a construit un groupe de premier plan sur la base d’un objet tout simple : la palette de livraison. Il en traite chaque année 12 millions d’exemplaires sur les 16 sites répartis en France où travaillent 450 personnes.
De quelle façon à commencé l’aventure Burban Palettes ?
Elle a débuté il y a 25 ans désormais. Je suis issu d’une famille modeste et nombreuse de la région de Nantes. Je suis arrivé à Orléans à 20 ans, après mon service militaire. Je n’avais pour tout bagage que mon permis poids lourd obtenu à l’armée et une formation d’apprenti charcutier. J’ai d’abord travaillé pendant deux ans chez un carrossier à La Chapelle-Saint-Mesmin et puis j’ai rencontré une personne qui avait une activité de recyclage de palettes à Chaingy. Plutôt que de m’embaucher, il m’a encouragé à me mettre à mon compte. J’avais 22 ans. Je me suis lancé dans la récupération et le recyclage de palettes avec un vieux camion et beaucoup d’huile de coude.
La réussite a été tout de suite au rendez-vous ?
Non, loin de là. Les débuts ont été difficiles. Il fallait aller récupérer les palettes dans les zones artisanales et commerciales, les remettre en état et trouver des acheteurs. Je n’avais aucun capital et je faisais tout moi-même. Cela vous apprend à vous débrouiller et à avoir le sens de l’économie ! Il a fallu dix ans d’artisanat pour que l’activité se développe. Je suis passé de petit ramasseur indépendant à semi-grossiste puis à grossiste.
Comment votre activité s’est elle développée après cette période artisanale ?
Nous sommes passés en phase d’industrialisation au bout de dix ans. J’avais pu commencer à créer des succursales en région parisienne et à racheter d’autres ateliers du secteur. Fin 1999 nous étions 120 personnes et nous réalisions déjà 10 millions d’euros de chiffre d’affaires. A partir de l’an 2000, on peut dire que nous sommes passés en vitesse surmultipliée. Le marché du recyclage de palettes n’était pas encore trop occupé, il y avait une place à prendre.
En multipliant les agences sur tout le territoire national, en rachetant d’autres entreprises et en créant de nouvelles activités, nous sommes devenus un acteur de référence avec 60 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année et 450 salariés.
Votre activité repose sur un objet qui a une très faible valeur en lui-même. Comment fonctionne votre modèle économique ?
Effectivement, une palette neuve vaut de 5 à 15 € et une palette recyclée de 3 à 10 € selon les formats. Notre métier est celui d’un intermédiaire qui donne de la valeur ajoutée à une marchandise à faible coût. Sachant que nous devons prendre en charge le transport, la transformation, le stockage et la livraison avec des coûts salariaux qui représente 33% des dépenses, il est indispensable de négocier au mieux l’achat et la revente. Au final, notre marge nette et de 3 à 5 % avant impôts.
Vous avez largement diversifié vos activités au cours des dernières années. Quelle est la logique de ces diversifications ?
Le cœur de notre activité et de toutes les nouveautés que nous avons initiées dernièrement restent centrés sur un objet unique qui est la palette de livraison. Burban palettes est désormais présent sur toute la chaine de valeur de ce segment. Nous sommes présents depuis la fabrication neuve avec notre usine de Neuville-aux-Bois et le réseau de fabricants Coop Pal, jusqu’à la transformation des déchets de bois en copeaux pour le combustible biomasse ou les panneaux d’aggloméré.
Nous avons ajouté des services nouveaux avec la création de PFM (Palet Facility Management) qui est une sorte de bourse d’échange de palettes aux normes européennes entre chargeurs et transporteurs. Grâce à nos accords avec les groupements de transporteurs (Astre, TredUnion, Flo, Evolutrans), nous mettons à disposition un réseau de150 points de dépose et livraison de palettes. Cela fonctionne un peu comme une banque coopérative mais avec des palettes comme monnaie d’échange !
Justement, à propos de banque, qu’attendez-vous d’un partenaire bancaire ?
Lorsque j’ai débuté dans ce métier, il faut reconnaître que les banques ne me manifestaient pas beaucoup d’intérêt. Et puis, en faisant mes preuves, j’ai démontré qu’il y avait une véritable économie autour de la palette.
Ce que j’attends d’un partenaire bancaire, c’est surtout de l’écoute et de la compréhension. Il faut que le banquier comprenne bien notre métier et se mette à la place du chef d’entreprise. Nous avons plusieurs partenaires bancaires. La Caisse d’Epargne nous accompagne depuis plusieurs années. Il y a deux ans, elle nous a soutenus avec efficacité pour le rachat de REI Palettes en Bretagne en répondant rapidement à nos attentes.
Vous pratiquez une politique de partenariat sportif soutenue. Quel en est l’objectif ?
Burban Palettes est, en effet, partenaire de plusieurs clubs sportifs comme Orléans Loiret Basket, les Panthères de Fleury-les-Aubrais, l’USO Judo, Orléans Loiret Football, le Saran HB ou le Rugby Club Orléans. Au travers de ces partenariats nous cherchons à mettre en avant notre image, bien entendu, mais aussi à exprimer certaines valeurs comme l’esprit d’équipe et le dépassement de soi.
Une autre valeur est aussi très importante à mes yeux, c’est celle de la solidarité. Nous la mettons en œuvre en soutenant les équipes handisport de tennis et de basket. Et aussi en aidant nos collaborateurs à progresser. J’ai connu la misère et j’aime bien pouvoir faire grandir les gens autour de moi.